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tures éprouvent seulement les influences qui sont inhérentes à l’entité archangélique.

Aucun espace ne pourrait contenir un seul de ces esprits que proféra l’Irrévélé en deçà des temps et des jours. Efflux éternisés de la Nécessité divine, les Anges ne sont, en substance, que dans la libre sublimité des Cieux-absolus, où la réalité s’unifie avec l’idéal. Ce sont des pensers de Dieu, discontinués en êtres distincts par l’effectualité de la Toute-puissance. — Réflexes, ils ne s’extériorisent que dans l’extase qu’ils suscitent et qui fait partie d’Eux-mêmes.

Cependant, de même qu’en un miroir d’airain, posé à terre, se reproduisent, en leur illusion, les profondes solitudes de la nuit et ses mondes d’étoiles, ainsi les Anges, à travers les voiles translucides de la vision, peuvent impressionner les prunelles des prédestinés, des saints, des mages ! C’est la terre seule, brouillard oublié, que ne distinguent plus ces prunelles élues ; elles ne répercutent que l’infinie-Clarté.

C’est pourquoi, dans son regard sacré, le roi Salomon a le pouvoir de réfléchir la face même d’Azraël.



Au sentiment des approches de l’Exterminateur, Helcias a tressailli d’espérance. Abîmé en soi-même, il songe que le dernier chaînon qui le rattache encore à la vie va se briser tout à l’heure.

Dans la hiérarchie suprême des intelligences puri-