Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est le symbole même de l’Amour, sans qui tout acte demeure stérile. Car à l’exaltation du cœur se vérifie toute nature prédestinée. Lorsque le front seul contient l’existence d’un homme, cet homme n’est éclairé qu’au-dessus de la tête : alors son ombre jalouse, renversée toute droite au-dessous de lui, l’attire par les pieds, pour l’entraîner dans l’Invisible. En sorte que l’abaissement lascif de ses passions n’est, strictement, que le revers de la hauteur glacée de ses esprits. C’est pourquoi le Seigneur dit : Je connais les pensées des sages et je sais jusqu’à quel point elles sont vaines.



À peine le Grand-Médiateur a-t-il considéré l’infaillible, le céleste Anneau, qu’aussitôt, en face de lui, les sept flammes des Chandeliers d’or se tendent et se prolongent, immobiles, pareilles à sept épées brûlantes.

Le conjurateur reconnaît, enfin, les concordances dénonciatrices d’un Être du plus haut ciel. Son visage, plus impassible que celui des idoles, prend, silencieusement, la couleur des sépulcres. Il sent que le mandataire d’un Ordre incommutable s’approche, dans l’intérieur des airs, franchissant et refoulant les profondeurs : la tempête de son vol motive l’amoncellement des ombres. Une colonne s’écroule, soudain, près de l’esplanade ; le flamboiement d’une signature occulte sillonne les ruines…