Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vieille sœur d’Aaron, lorsque, sous ses cheveux gris, elle dansait, ivre de la colère de Dieu, devant l’armée, sur les rivages de la mer. Des poignées de roses sont lancées par les gamaddim à la face des idoles abjurées. Les eunuques simulent des menaces dérisoires contre les Égyptiens ; un rugissement de délivrance et de joie, pareil au murmure lointain du tonnerre, passe, dans les nuées, au-dessus de Hiérouschalaïm.



Cependant le Grand-Initié, ayant une seconde fois relevé la tête et considéré, plus attentif, le caractère des ombres, est devenu soucieux.

La flamme des sept-Chandeliers qui brûlent, espacés, devant l’esplanade, s’est renversée contre l’assemblée : les sept langues de feu, recourbées en arrière sur leurs tiges d’or, palpitent, allongées et haletantes, avec un bruit de fléaux.

Les serpents des Nephtaliennes se sont dénoués et se cachent dans les replis des chevelures. Les lynx, maintenant blottis autour du vieillard redouté, le regardent, inquiets et pleins de grondements.

Mais lui s’efforce de pénétrer le sens des présages : croisant ses phylactères sacerdotaux sur les plis de son pallah d’hyacinthe, il délibère. Vainement il a consulté, d’un regard, les téraphim mystérieux ; avec le son de l’or vierge les lames révélatrices se sont brisées.

Sur l’épaule du Médiateur est demeurée la main