Page:Villiers de L'Isle-Adam - Contes cruels.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en fleur, le coupes scintillent ; les Nephtaliennes entrelacent les éclairs de leurs javelots rassemblés, font siffler leurs colliers de serpents ; les torches jettent des reflets de sang sur les chevelures ; des cris d’amour, des hymnes idolâtres retentissent vers le Pacifique !… Soudain, en mémoire de Jéricho, les Capitaines des cavaliers de Sodome font sonner sept fois leurs tubals de fer, et les Rhoïms couronnés d’hysope, les Cohènes de la souveraine-Sacrificature, en longs vêtements blancs, apparaissent, précédant l’Agneau-pascal.

Alors le feu de l’ivresse envahit la multitude étincelante ! On maudit le nom de l’horrible statue qui, frappée du soleil, appelait, aux travaux des Pharaons, les ancêtres, — lorsque, accédant à la menace, levée sur eux toujours, de ces roseaux brûlants que dévora le bâton de l’Échappé-des-eaux, ils se résignaient à creuser, sur le granit rose des pyramidions, malgré la défense des Livres-futurs, — malgré la prohibition du Lévitique ! — les simulacres des ibis, des criosphynx, des phœnix et des licornes, êtres en horreur au Saint-des-saints, ou, en durs hiéroglyphes, les hauts faits (nombreux comme le sable, évanouis comme lui), et les noms d’abomination de ces dynasties oubliées filles de Menès le Ténébreux. On maudit les oignons du salaire, les levains du pain de Memphis. Malgré l’alliance avec le roi Nëchao, les Plaies sont évoquées dans les acclamations.

On heurte les cymbales sacrées, prises au trésor du Temple, les cymbales de triomphe que portait la