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je consacrai ma journée, pour me tenir éveillé malgré la fatigue, à plusieurs visites chez d’anciens compagnons d’études. — Vers cinq heures du soir, ces devoirs remplis, je fis seller, au Soleil-d’or, où j’étais descendu, et, aux lueurs du couchant, je me trouvai en vue d’un hameau.

Chemin faisant, je m’étais remémoré le prêtre chez lequel j’avais dessein de m’arrêter pendant quelques jours. Le laps de temps qui s’était écoulé depuis notre dernière rencontre, les excursions, les événements intermédiaires et les habitudes d’isolement devaient avoir modifié son caractère et sa personne. J’allais le retrouver grisonnant. Mais je connaissais la conversation fortifiante du docte recteur, — et je me faisais une espérance de songer aux veillées que nous allions passer ensemble.

— L’abbé Maucombe ! ne cessais-je de me répéter tout bas, — excellente idée !

En interrogeant sur sa demeure les vieilles gens qui paissaient les bestiaux le long des fossés, je dus me convaincre que le curé, — en parfait confesseur d’un Dieu de miséricorde, — s’était profondément acquis l’affection de ses ouailles et, lorsqu’on m’eut bien indiqué le chemin du presbytère assez éloigné du pâté de masures et de chaumines qui constitue le village de Saint-Maur, je me dirigeai de ce côté.

J’arrivai.

L’aspect champêtre de cette maison, les croisées et leurs jalousies vertes, les trois marches de grès, les lierres, les clématites et les roses-thé qui s’enchevê-