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tête d’écrire certaines histoires, j’avais trouvé plus pratique, après mûre réflexion, de fréquenter, tout bonnement, le soir, l’un des cafés du passage de Choiseul où feu M. X***, l’ancien exécuteur des hautes-œuvres de Paris, venait, presque quotidiennement, faire sa petite partie d’impériale, incognito. C’était, me semblait-il, un homme aussi bien élevé que tel autre ; il parlait d’une voix fort basse, mais très distincte, avec un bénin sourire. Je m’asseyais à une table voisine et il me divertissait quelque peu lorsqu’emporté par le démon du jeu, il s’écriait brusquement : « — Je coupe ! » sans y entendre malice. Ce fut là, je m’en souviens, que j’écrivis mes plus poétiques inspirations, pour me servir d’une expression bourgeoise. — J’étais donc à l’épreuve de cette grosse sensation d’horreur convenue que causent aux passants ces messieurs de la robe courte.

Il était donc étrange que je me sentisse, en ce moment, sous l’impression d’un saisissement aussi intense, parce que notre convive de hasard venait de se déclarer l’un d’entre eux.

C*** qui, pendant les derniers mots, nous avait rejoints, me frappa légèrement sur l’épaule.

— Perds-tu la tête ? me demanda-t-il.

— Il aura fait quelque gros héritage et n’exerce plus qu’en attendant un successeur !… murmurai-je, très énervé par les fumées du punch.

— Bon ! dit C***, ne vas-tu pas supposer qu’il est, réellement, attaché à la cérémonie en question ?

— Tu as donc saisi le sens de notre petite cau-