d’union entre les deux renaissances de la poétique ancienne. Alamanni est un écrivain de second ou de troisième ordre et sa place comme poète est assez mince ; mais, comme théoricien, il est l’un des représentants principaux du mouvement classiciste italien. Exilé de Florence pour avoir été mêlé à une conspiration, il a passé en France la meilleure part de sa vie : il y a publié ses œuvres. Très considéré à la cour de François Ier, il était en mesure d’exercer une influence chez nous. Du Bellay le nomme une fois dans sa Deffence ; Ronsard l’imite dans ses Odes pindariques. Cette hypothèse n’est donc pas sans fondement. On ne peut pourtant pas dire qu’elle soit démontrée ; les faits qu’on peut alléguer en sa faveur ne me semblent même pas suffire à lui conférer un haut degré de probabilité. Alamanni a pu être l’intermédiaire que nous cherchons, mais il n’est pas sûr du tout qu’il l’ait été.
La seule chose qui soit tout à fait vraisemblable, c’est que cet intermédiaire existe, qu’il y a eu communication entre les deux courants. Non seulement le rapprochement des dates invite à le penser, mais quelques faits, très singuliers à première vue, paraissent s’expliquer assez bien dans cette hypothèse :
1° La place faite par Du Bellay au genre italien du sonnet parmi les genres anciens, semble indiquer qu’il adopte un programme de poétique antique élaboré par un Italien ;
2° Il propose aux Français de faire des vers blancs blancs, et levers blanc n’est pas encore représenté dans