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croissance, ne pouvait plus vivre sous le même ciel que de loyaux sujets de la dynastie issue du Soleil.

Et ainsi, ils s’étaient mis facilement d’accord pour prendre la vie de la reine de Corée, convaincus de venger les injures de Yamato Damashi (l’âme japonaise).

À ce moment, où tous les « Enfants du Soleil Levant » frémissaient de rage en se voyant arracher les conquêtes de leurs armées sur les rivages de la mer Jaune par l’intervention de la France, de la Russie et de l’Allemagne, aucun juge japonais n’aurait pu condamner ces criminels par amour de la patrie.

Ils furent acquittés par le Conseil de guerre de Hirochima, plus heureux que leur prédécesseur le « soshi » Koyama Toyotaro, condamné aux travaux forcés à perpétuité pour avoir tiré un coup de pistolet en pleine face à Li-Hung-Chang, venu à Chimonosaki en mars 1895, pour signer la paix avec le comte Ito.

De ces deux « beaux gestes » le résultat a été de reléguer, pour toujours peut-être, dans le domaine des chimères, le rêve des Japonais de commencer par l’annexion de la Corée l’unification du monde jaune sous leur hégémonie, et de réaliser un jour leur idéal de : « l’Asie aux Asiatiques ».