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ET LA PATIENCE.

causées, daignez nous donner une preuve signalée qu’il n’en reste aucun ressentiment dans votre cœur, en acceptant une partie des trésors qui nous appartiennent. Le cruel Temps ne s’est pas contenté de nous abandonner, il s’est encore laissé succéder par le Temps opulent ; ce dernier nous accompagne. Les chariots remplis de pieces d’or, de pierreries & de choses rares & magnifiques qui nous suivent, nous mettent en état de chasser la pauvreté d’auprès de vous, & de vous rendre heureux.

Ah ! belle Princesse, je vous rends graces, reprit l’illustre Solitaire avec un sourire grave & doux ; mais le Temps opulent m’est inutile : la pauvreté qui m’accompagne, n’a rien de commun avec la misere, & elle ne me prive que du superflu que j’aurois conservé si j’avois voulu ; ainsi ne bannissant point le bonheur d’auprès de moi, je le trouve dans la paix & dans l’innocence. Si les chimeres des trésors m’avoient tourmenté, ajouta-t-il, je n’avois qu’à demeurer sur le Trône de mes Ancêtres ; ou supposé que les vains honneurs, exempts des peines de la Royauté, m’eussent flatté, il ne dépendoit que de moi de rester auprès de mon fils, qui m’en presse sans cesse ;