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LE TEMPS

l’ordre de ne point souffrir d’hommes sous leurs figures naturelles dans mon Palais. Si, malgré les précautions que je prends pour les éloigner, me dit-il, le hazard y en conduit quelques-uns & qu’il soit nécessaire, pour votre service, qu’ils y passent du temps, ne tardez pas à les revêtir de la peau de tels animaux que vous voudrez ; & lorsque vous souhaiterez leur rendre leurs figures naturelles, mettez-les le plus loin d’ici que vous pourrez ; alors grattez-leur le front avec vos dents, ils redeviendront tels que la nature les a faits ; mais recommandez-leur de ne plus venir chez vous, cela vous est de la derniere conséquence ; car s’il séjourne des hommes sous figure humaine dans votre Palais, le premier qui y couchera vous ôtera la vie, sans que tout mon pouvoir vous en puisse préserver. La facilité que je vous donne de ne paroître dans le monde que comme un homme ordinaire, & même de ne pas être assujetti à paroître toujours sous la même ressemblance, vous doit tirer d’inquiétude d’être reconnu par ceux qui vous auront vu sous celle d’Angoulmouëk dans votre demeure ; par conséquent, rien ne vous forcera à les tuer ; c’est une cruauté inutile qui irriteroit les Dieux contre vous.