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LE TEMPS

seille de vous substanter le plus que vous pourrez, & d’avoir recours à la Patience ; peut-être qu’elle vous fournira un dénouement favorable.

La Princesse lui fit connoître, par un signe de tête, qu’elle ne s’en flattoit pas ; mais le songe qu’elle avoit fait, l’ayant déterminée à remplir son sort sans murmurer, elle témoigna plus de courage qu’elle n’en avoit eu d’abord. Cependant sa résolution pensa échouer à l’arrivée du monstre, qui demandoit à tetter. La certitude de la mort lente qu’il lui donnoit de cette sorte, la pensa faire retomber dans le désespoir ; & si cette séance n’eût pas fini, elle y auroit succombé ; mais Angoulmouëk s’étant retiré, Merille reprit courage.

Il n’y avoit qu’un moment qu’il étoit hors de son Palais, lorsque ces deux prisonnieres entendirent frapper à la porte : Hélas ! s’écria la vieille, voici sans doute quelque malheureuse victime qui vient se livrer à la fureur de cet infâme glouton : Juste Ciel ! dit Merille toute en pleurs, serai-je allez malheureuse pour que ce soit Benga ? Ah ! courons l’avertir avant qu’il soit entré.

Elle ne se trompoit pas, & c’étoit effectivement lui, qui, loin de profiter de