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LE TEMPS

Non, lui répondit la Déesse, je n’exige point cet effort ; mais enfin, Princesse trop violente, considérez donc que si vous suivez cette derniere intention, le Temps favorable, qui, après vous avoir punie par son éloignement, est sur le point de vous pardonner, & de revenir vers vous, ne vous pourra plus être d’aucun secours, & que vous entraînerez dans l’effort de votre désespoir, cette famille que vous avez rendu malheureuse, & à qui vous allez porter les derniers coups ; au lieu qu’en prenant un parti moins outré, & vous abandonnant encore une fois à mes conseils, et à ceux de la sage Espérance, vous pourrez vous trouver hors de peine plutôt que vous ne pensez.

Merille s’éveillant à ces mots, se trouva plus tranquille ; les menaces qu’elle avoit reçues du Temps par la même voie, au Palais des marbres, lui étoient une espece de sûreté que ce dernier songe n’avoit pas été causé simplement par les idées dont elle étoit occupée ; &, réfléchissant à tous les malheurs où l’avoit plongée le peu de confiance qu’elle avoit eue en cette Déesse, elle se promit d’être à l’avenir plus docile à ses leçons. Pour commencer à les mettre en pratique, elle renonça au