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ET LA PATIENCE.

rappella tout d’un coup malgré une absence de trois ans, & quoiqu’elle ne l’eût vue qu’une heure : Ah ! chere & infortunée Merille, s’écria-t-elle, quel épouvantable Temps vous a conduit ici ? Ce sont mes freres & ma cousine qui m’y attirent, reprit-elle ; ils y sont entrés, je ne les ai point vus sortir, j’en suis en peine, & je les viens chercher, daignez me dire ce qu’ils sont devenus. Hélas ! ma chere enfant, dit la vieille en pleurant, leur sort est affreux, de même que celui qui vous attend.

Cette réponse jetta dans le cœur de la jeune Princesse une si grande terreur, qu’elle pensa s’évanouir, sans savoir précisément quel étoit le malheur dont on la menaçoit ; cependant elle se remit, & regardant cette vieille d’un air touchant : Puisque mon sort vous fait tant de pitié, & qu’apparemment mes freres ont péri cruellement, lui dit-elle, ne pourrois-je pas éviter leur triste destinée par votre secours ? Ouvrez-moi promptement la porte, personne ne m’a vue entrer, je me retirerai, & je me garantirai par ce moyen du mal que vous me faites appréhender.

Il ne dépend point de moi, ma chere fille, repliqua la vieille, il n’est plus temps