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LE TEMPS

mêmes que Faramine, en apprenant leur départ, ne fît courir après, eut soin de ne rentrer dans son Palais qu’au bout de trois jours. Cette précaution fut heureuse pour faciliter également l’éloignement de Merille avant qu’il en pût être instruit, ni qu’il lui fût possible de la poursuivre. Il n’étoit donc plus question pour les freres, que de retrouver Merille ; & Benga en étoit encore plus en peine que les autres : mais la boule les rassura ; ils en connoissoient le pouvoir, & cette confiance ne fut point vaine ; car Merille, après avoir congédié sa compagne, & lui avoir donné la liberté de se retirer où elle le jugeroit à propos, en partageant avec elle les libéralités de Faramine, les rejoignit le même soir. Leur joie fut extrême en se revoyant ; &, afin de profiter des conseils de Broukandork pour éviter également ses recherches, ou celles de Faramine, ils marcherent le jour & la nuit, ne prenant qu’un léger repas quand le besoin les y forçoit, tant qu’enfin ils se trouverent hors de crainte de retomber sous la puissance de leurs ennemis. Alors, accoutumés à courir par monts & par vaux dans des chemins impraticables aux chevaux, ils s’en défirent au premier endroit habité ; mais ils furent agréablement