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LE TEMPS

donnée à Balkir, se dépêcha de mettre sa sœur en liberté, lui donnant de quoi subsister assez long-temps pour qu’elle eût la commodité de trouver un asyle, y ajoutant, comme elle l’avoit promis à son amant, une fille pour l’accompagner.

La générosité de la bienséance avoient eu moins de part à ce dernier article que son propre intérêt. Cette fille étoit justement la même à qui Merille avoit obligation de l’avis sur qui elle seroit conformée, pour ne point donner de soupçons contre elle, & elle étoit aussi celle dont Broukandork étoit encore amoureux, lorsque Merille arriva en son Palais. Mais comme cette nouvelle passion avoit détruit la première, & que, n’ayant pu vaincre ses rigueurs, il s’en étoit vengé en la livrant à Faramine, qui l’avoit mis au nombre de ses fileuses, elle étoit bien-aise de s’en défaire sous ce prétexte, afin que Broukandork, ayant perdu Merille, ne songeât point à s’en consoler en l’aimant de nouveau.

Ces précautions étant bien prises, & les deux objets de sa jalousie partis, elle attendoit impatiemment le retour de Broukandork, qu’elle présumoit qui lui rameneroit son amant : mais cette espérance fut vaine ; car à peine ils avoient