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ET LA PATIENCE.

voir, & à les sacrifier à sa fureur, n’entendant point de railleries sur cet article ; quoique, de son côté, il n’en fût pas moins susceptible, & que quand le hazard lui livroit quelques jeunes filles, elles fussent aussi à plaindre que les hommes qui tomboient au pouvoir de Faramine.

Les Héritiers d’Angole & de Bengal n’employerent guère de temps à connoître la dangereuse situation où ils se trouvoient. Merille apprit cette histoire par une des fileuses qu’ils avoient vues en entrant ; elle ajouta à cette instruction la certitude du danger où elle étoit. Cette fille lui dit que, soit que ce perfide se dégoûtât bientôt de la possession des belles qui avoient le malheur d’entrer dans ce Palais, ou qu’il se rebutât de leurs rigueurs, il les abandonnoit également, après un peu de temps, à la fureur de Faramine, qui inventoit pour elles des tourments pires que la mort, & qui la leur faisoit souhaiter comme un bien. Ainsi, aimable Merille, poursuivit la belle esclave qui lui apprenoit à connoître leurs Hôtes, je vous conseille d’employer toute votre attention pour ne point déplaire à votre terrible amant ; & sur-tout, si, entre ces jeunes Seigneurs que vous appellez vos freres, il s’en trouvoit un qui ne le fût