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LE TEMPS

butée des chagrins qu’elle avoit éprouvés dans le monde, résolue d’y renoncer & de suivre la Reine dans sa retraite, fit connoître sa pensée au Prince avec tant de fermeté, que, malgré les efforts qu’il fit pour la détourner de ce funeste dessein, qui ruinoit ses espérances, & qui détruisoit tous ses plaisirs, il lui fut impossible de la vaincre ; ce qui le détermina à son tour à renoncer à la fortune qui lui tendoit les bras.

Il céda ses droits à son frere ; & ayant eu la fermeté de conduire lui-même Zelima jusqu’à la porte de l’asyle qu’elle s’étoit choisie, il renonça solemnellement à tous les avantages que celui de la naissance lui donnoit. Après avoir fait proclamer Kuba Souverain d’Angole, il se retira chez le Roi Solitaire, qui le reçut avec toute l’affection d’un pere qui revoit un fils chéri, sur qui il ne comptoit plus. L’humeur paisible de ce sage Monarque ayant toujours éloigné de lui le goût farouche qui s’empare de presque tous les Solitaires, & qui les porte à ne voir personne, il inspira à Almenza, que, bien-loin de s’y abandonner, il ne pouvoit mieux faire que d’imiter son exemple, & de prendre le temps qu’il iroit voir sa Famille, pour aller visiter la sienne, sans regretter une