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ET LA PATIENCE.

res avoient pour Zerbeke, tout disoit assez qu’il étoit de leur sang. Almenza, Kuba, & leur sœur, l’arracherent presque des bras de sa mere, pour l’accabler de caresses à leur tour, & pour féliciter la Reine d’avoir un fils si aimable & si généreux, sa vertu ayant paru dans la conduite qu’il avoit tenue à son égard, & dans le courage dont il avoit soutenu son malheur.

Mes chers Seigneurs, disoit aux Princes d’Angole, dans les transports de sa joie, cette Reine enchantée, je n’ai pas douté que vous n’eussiez été assez généreux pour recevoir sans regret un frere naissant, si la perfidie de Mouba ne vous avoit pas caché sa vie ; mais je vous avoue que, n’ignorant point à quel excès je vous avois offensés, je n’osois en ce moment me flatter que vos bontés pour lui & pour moi fussent poussées si loin, & que nous en recevrions des témoignages aussi éclatants. C’est une nouvelle offense d’en avoir pu douter, ajouta-t-elle, & de n’avoir pas connu jusqu’à quel point vous êtes vertueux, ou plutôt, mesurant vos sentiments sur les miens, je n’ai pu m’imaginer, je l’avoue, que vous fussiez capables d’une action trop héroïque pour moi : mais, poursuivit-elle, en s’inclinant