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LE TEMPS

mémoire pour se flatter de retrouver ce moulin, si la Reine lui ordonnoit de le chercher ; alors, pour lui faire connoître qu’elle se le rappelloit, elle le dépeignit si parfaitement, que le beau-pere de Zerbeke s’écria, en frappant des deux mains sur ses cuisses, & en se pliant trois fois avec transport : Vivent nos Dieux, il ne faut pas aller plus loin pour trouver cet enfant précieux, le voilà, c’est Zerbeke qui est mon Prince, & ma femme est l’heureuse & la vertueuse Meûniere qui l’a allaité, & qui s’en est crue la mere ; le temps, le lieu, & les circonstances ne me permettent pas d’en douter ; elle m’a récité vingt fois qu’une Divinité, vêtue en esclave, l’avoit secourue dans sa couche, & qu’elle ne doutoit point que ce ne fût Rama elle-même.

La Reine impatiente de voir confirmer cette charmante vérité, ordonna à l’Officier d’aller chercher cette Meûniere ; &, sans attendre son arrivée, s’abandonnant à la tendresse que la nature lui avoit inspirée pour son fils, elle le prit entre ses bras, & le serrant tendrement, elle ne desira pas un plus grand témoignage pour le reconnoître, que la parfaite ressemblance qu’il avoit avec la Princesse, & l’affection que Merille ainsi que ses fre-