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ET LA PATIENCE.

sorte, qu’oubliant le dessein qui m’avoit conduite en ce lieu, je laissai l’enfant à demi-nud, pour courir au secours de celle qui sembloit en avoir un si pressant besoin.

J’entrai avec précipitation dans ce moulin, où je trouvai une femme seule, qui avoit été surprise des douleurs de l’enfantement, tandis que tous ceux qui habitoient cette demeure étoient par hazard dispersés, & j’arrivai assez à propos pour lui donner le soulagement qui lui étoit nécessaire, puisque je lui aidai à se délivrer d’un garçon entre mes mains ; mais si mon secours fut avantageux à la mere, il fut inutile à l’enfant, qui ne respiroit presque plus : cette femme étoit trop malade pour s’en appercevoir, & pour en prendre le premier soin, ne lui reliant seulement pas assez de force pour m’en remercier : je lui rendis tous les services dont elle avoit besoin, sans qu’elle semblât le connoître ; mais, après l’avoir mise en état de prendre quelque repos, je voulus donner, à son tour, mes attentions à son enfant ; & pour voir clair à l’arranger commodément, le jour étant presque fini, je sortis hors de l’habitation ; ce fut là que je connus que ma bonne volonté seroit sans fruit, puisque ce petit garçon étoit expiré.

L’occasion me parut favorable pour