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ET LA PATIENCE.

niateurs, qui est très-sévere à Angole ; ensorte que, malgré la protection de la Reine, cette malheureuse se vit sur le point de périr innocente, par la faute du coupable ; mais dans le temps qu’elle croyoit sa mort la plus assurée, l’Esclave de Mouba, à qui il avoit confié le petit Prince, pour le priver du jour, ayant entendu parler de cette aventure, crut qu’il étoit de son devoir de déclarer ce qu’il en savoit. Tous les biens de Mouba ayant été confisqués au profit de la Reine, pour une félonie qui n’étoit pas équivoque, l’Esclave l’étoit devenu de cette Princesse, &, par conséquent, déchargé du serment de fidélité envers son premier Maître : sans envisager le danger qu’il couroit pour avoir prêté à Mouba un ministere si criminel, il vint hardiment se présenter aux Gardes de la Reine, demandant à être introduit devant elle.

Lorsqu’il y fut, il se jetta la face contre terre, & s’étant relevé par l’ordre de cette Princesse, il lui dit qu’il venoit offrir un nouveau coupable à son juste courroux, ajoutant qu’il étoit prêt à soutenir au prisonnier, qu’il nioit mal-à-propos un crime dans lequel il l’avoit fait tremper, par la soumission & l’obéissance qu’un Esclave doit à son Patron.