Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/192

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LE TEMPS

fait mourir, & l’espoir qu’il n’eût pas poussé jusqu’à ce point une inhumanité inutile. La Reine, sur-tout, se contenoit à peine : dans le transport de sa joie, elle vouloit aller elle-même à la prison de Mouba, pour lui promettre tout ce qu’il voudroit, pourvu qu’il lui rendît son fils. Benga & les autres arrêterent cette vivacité, & lui firent connoître qu’une telle démarche n’étoit pas nécessaire, étant plus aisé de tirer cette vérité par le beau-pere de Zerbeke, que par sa propre présence, cet Officier étant en état de donner au coupable le conseil de profiter des bontés de sa Souveraine, en les méritant par un aveu sincere : elle approuva ces raisons ; & envoyant, sans tarder, son Député vers ce perfide, elle lui fit tous les serments dont elle se put aviser, pour l’assurer qu’elle tiendroit les promesses qu’il feroit en son nom.

L’Officier, se rendant en diligence à la prison de ce traitre, employa vainement son éloquence auprès de lui : il nia tout ; & la femme qui l’avoit accusé, lui ayant été confrontée, il eut l’audace de traiter d’imposture tout ce qu’elle lui dit ; poussant même l’insolence à l’excès, il fut jusqu’à en demander justice comme d’une calomnie, exigeant, au nom de Ram, qu’elle fût punie de la peine des calom-