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LE TEMPS

rieuse pour Merille, sur-tout dans l’occurrence présente où la Reine étoit déterminée à remettre la Couronne au Prince Almenza, elle eut toutefois quelque peine à s’y résoudre ; l’idée d’une séparation éternelle la faisoit retarder un contentement qui devoit la priver de sa fille ; elle ne pensoit pas à le refuser, mais il lui coûtoit trop à accorder pour n’en point reculer le moment. Pendant qu’elle avoit peine à se déterminer, le Peuple, de qui l’affection s’étoit ranimée par la réunion de la Famille Royale, commença à s’impatienter de la lenteur que l’on apportoit à la juste punition de Mouba.

Il avoit éprouvé le sort ordinaire des favoris de la fortune, à qui le Temps devient contraire ; & sa disgrace, autant que ses crimes, lui avoient enlevé tous ses amis : ensorte qu’un homme, qui, peu de jours devant sa chûte, avoit le pouvoir de donner le mouvement à toute l’Asie, ne trouva qui que ce fût qui daignât garder la moindre mesure de modération sur son sujet ; au contraire, chacun s’empressoit à témoigner contre lui : ceux-mêmes en faveur de qui il avoit employé son injuste puissance, lui en faisoient des reproches, il se trouva plus de charges qu’il n’en falloit pour hâter son trépas. Les vrais