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ET LA PATIENCE.

attendant leur Maître avec une impatience que le Régent partage, font de continuelles tentatives pour savoir où ils en pourront apprendre des nouvelles. Pour moi, après plus de deux ans de captivité, le bonheur public fit le mien, & cette révolution me procura la liberté. Je volai en ces lieux, où j’étois bien persuadé que mon zele seroit nécessaire : mais quel que soit sa sincérité, il auroit été infructueux, sans le secours que le Ciel a bien voulu envoyer à cet Etat, par l’heureux retour de nos Princes.

La nouvelle de la mort du Roi de Bengal toucha sensiblement ses enfants ; mais le Temps & la raison ayant calmé leur douleur, ils comprirent que leur fortune étoit dans un Temps de crise, & que le Temps favorable pouvoit changer, s’ils négligeoient de l’employer, quand il se présentoit. Benga sur-tout, que cette révolution intéressoit encore plus que ses sœurs, voyant la nécessité de se rendre dans ses Etats, ne balança plus à prendre le parti qui convenoit à ses affaires ; mais ne pouvant vivre sans sa chere Merille, il la demanda, à la Reine avec l’empressement d’un Amant qui est certain que sa Maîtresse partage son impatience. Quoique cette alliance fût utile à l’Etat, & glo-