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ET LA PATIENCE.

le plus intéressé à ce désordre, en étant la principale cause, songea fort sérieusement à prévenir les événements fâcheux qu’il prévoyoit, & dont il ne lui étoit pas possible de douter qu’il ne fût la premiere victime : il assembla ses amis, & ceux qui étoient attachés au Roi, sans participer à la sédition ; mais les deux troupes rassemblées formerent un si petit Corps, qu’il fut impossible à cette Cour épouvantée de se flatter qu’avec ce foible secours, on feroit rentrer des rebelles dans leur devoir, le meilleur & l’unique parti étant de soustraire le Roi lui-même aux premiers efforts de leur rage. Ce Prince se retira donc pendant la nuit dans une forteresse, avec la Reine, ses Partisans, & ce qui lui restoit de Sujets fideles, en attendant le secours de ses voisins.

Les choses étoient en cet état à Bengal, continua l’Officier, lorsque j’y arrivai : cette cruelle circonstance me désespéra ; &, ne voyant point d’apparence que les affaires pussent se raccommoder sitôt, je prenois la résolution de revenir ici, où je me flattois d’être de quelque secours à ma Reine ; mais le destin voulut que ces séditieux, me sachant venu pour traiter avec leur Souverain, prissent de l’ombrage contre moi, & qu’ils m’arrêtassent, m’en-