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LE TEMPS

Le Roi n’ayant pu réussir à les calmer par sa présence & par ses discours, pour empêcher le Peuple de joindre les effets aux menaces, fut enfin obligé de leur promettre de faire incessamment revenir le Prince & ses sœurs d’un lieu où on supposoit qu’il les avoit envoyés ; mais pour ce retour prétendu, la Populace émue ne donna que vingt-quatre heures, ayant de la peine à ajouter foi à ce qu’on lui promettoit, après avoir commencé par entendre dire que l’on ne savoit où ils étoient.

Cependant cette promesse, plus aisée à faire qu’à exécuter, calma tant soit peu l’orage ; les moins violents disant qu’il étoit raisonnable de suspendre leur courroux pendant le court espace qu’on leur demandoit, sauf, s’ils avoient été trompés, à faire tomber leur ressentiment sur ceux qui le méritoient, & de venger leur Prince & ses sœurs, en répandant le sang des auteurs de leur désastre. Ces menaces désignoient si parfaitement la Reine & son frere, que, prévoyant l’effet prochain qu’elles auroient, lorsqu’on ne montreroit pas ceux dont on exigeoit la présence, ils jugerent à propos de prendre les mesures nécessaires pour se soustraire aux violences où ils devoient se préparer ; sur-tout le frere de la Reine, comme