Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
ET LA PATIENCE.

me de Bengal, me flattant d’obtenir de son Monarque une audience assez favorable pour lui persuader, qu’il étoit absolument nécessaire pour son propre honneur de vous accorder un prompt secours ; mais mon espérance fut vaine, & il avoit trop d’affaires chez lui, pour songer à celles des autres.

La fuite de la Princesse Zelima avoit fait murmurer tous les Bengalois ; ils ne doutoient pas qu’elle n’eût été enlevée par les intrigues de la Reine, qui avoit dessein de la marier à son frere : mais le Prince Benga & sa jeune sœur Balkir ayant disparu peu après, leur absence acheva de mettre ces Peuples en fureur, & leur persuada que l’on avoit attenté aux jours de tous les trois, ou du moins à leur liberté.

Les Seigneurs qui détestoient la Reine & son frere, firent soulever le Peuple, & il demanda, avec de grands cris, à être informé du sort des enfants de leur Roi. Ce Prince parut vainement, dans l’espérance que sa vue appaiseroit le tumulte : ce moyen fut inutile ; &, sans vouloir écouter ce qu’il leur disoit, ces séditieux ne menacerent pas de moins que de forcer le Palais pour les chercher, & d’y mettre le feu, s’ils ne les y trouvoient pas.