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LE TEMPS

qui vous allez rendre compte du succès de votre voyage, en lui apprenant la raison qui a retardé l’effet du zele sincere dont je sais que vous êtes animé. Le Sujet obéissant aux ordres de sa Souveraine, se tourna du côté d’Almenza ; mais ce Prince refusa de recevoir ses hommages, & lui ordonna de continuer de les rendre à celle à qui ils étoient dus. Une si généreuse contestation étant finie, parce qu’Almenza protesta qu’il alloit se retirer, & même qu’il sortiroit d’Angole, si la Reine persistoit dans une telle résolution, pour l’empêcher d’exécuter la sienne, elle fut obligée de consentir que cet Officier lui adressât enfin la parole.

Vous savez, grande Reine, lui dit-il, que vos ordres respectables m’avoient fait partir, avant que le traître Mouba, mettant le comble à sa perfidie, vous eût fait prisonniere dans votre propre Palais. Cet éloignement m’a été favorable ; car ne pouvant souffrir tranquillement une telle audace, j’aurois entrepris de vous défendre, &, sans vous secourir, j’y aurois sans doute succombé en perdant une vie qui pouvoit vous être ailleurs de quelque utilité. Le hazard m’ayant préservé de cet accident, sans prévoir ce qui alloit se passer à Angole, je me rendis au Royau-