Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LE TEMPS

conserver cette vie que vous croyez nous devoir. Honorez-nous de votre amitié, ajouta-t-il d’un air affectueux, & permettez aux fils de votre Epoux de vous témoigner le respect que nous conservons pour les volontés du feu Roi, qui, en vous mettant à sa place, nous assujettis, comme ses fils & comme ses Sujets, à ne songer qu’à donner l’exemple aux Peuples d’Angole de la fidélité qu’ils vous doivent.

La Reine vouloit répondre à Almenza, & lui dire qu’elle renonçoit à un Trône qu’elle n’avoit pas légitimement occupé, puisqu’elle ne les en avoit privés qu’en abusant de la foiblesse du feu Roi, de qui elle l’avoit exigé, sans qu’il eût consulté la raison qui s’y seroit opposée ; mais l’accablement où elle étoit, ne le lui ayant pas permis, sans attendre qu’elle eût articulé ses pensées, les Princes appréhendant qu’elle n’expirât par l’effort qu’elle faisoit pour parler, le retirerent avec les Princesses de Bengal & leur frere ; ils furent suivis du jeune Zerbeke, pour qui ils avoient pris, à l’instant qu’il avoit été déchargé du poids de ses chaînes, une amitié des plus tendres : elle s’étoit introduite dans leur cœur sous le voile de la pitié ; mais les actions de valeur qu’ils lui avoient vu faire, quand il avoit été libre,