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LE TEMPS

malgré la compassion du Peuple, personne ne se mettoit en devoir d’y apporter d’obstacles, lorsqu’il s’éleva un cri qui surprit également Mouba & les Ministres de ses fureurs.

C’étoit Benga qui l’avoit fait, & qui, fendant la presse, disoit à haute voix : Vivent les Princes d’Angole & la Princesse Merille. Ces mots furent répétés par les douze cents Guerriers, à qui ils servirent d’enseigne pour le rassembler. Le Peuple déja fortement ému du sort de sa Reine, & de celui de Zerbeke, ne balança point à redire ce qu’il entendoit, y ajoutant : C’est à eux seuls à qui il appartient de décider de la destinée de la Reine, & ils sont trop cléments pour ne lui pas faire grace.

Dans ce moment, les chars qui avoient toujours resté immobiles depuis qu’ils s’étoient placés, s’avancerent vers le bucher, Benga criant de nouveau : Place à la Princesse Merille & à ses freres. La foule s’ouvrit, & ils passerent sans aucunes difficultés.

Ce fut alors que Mouba se trouva extrêmement surpris d’un événement si imprévu, & il en sentit toute la conséquence ; mais se flattant que c’étoit un stratagême inventé par le beau-pere de