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ET LA PATIENCE.

exécutée avec le fidele Zerbeke, & où le Peuple étoit déjà assemblé.

On fut généralement surpris du spectacle que donnoient les chars, ainsi que de la beauté des Princesses, & de la bonne mine de ceux qui les accompagnoient. Cette singuliere magnificence éblouit tous les yeux, personne ne pouvant comprendre ce qu’elle signifioit : on voyoit bien que ce cortege étoit composé d’Etrangers, & on le jugeoit d’autant mieux, qu’ayant l’air conquérant, & d’aller à une partie de plaisir, si ç’avoit été des personnes du Pays, elles n’auroient pas pris leur temps pour exécuter une fête si belle & si superbe, au moment qu’il s’en préparoit une aussi affreuse & aussi lugubre que celle d’une Reine livrée, dans ses propres Etats, à la mort par la main des Bourreaux, & par l’ordre de ses Sujets. Mais on ne soupçonnoit point qu’ils eussent aucunes relations au supplice de la Reine, que la vraisemblance faisoit supposer devoir être ignoré de ces jeunes inconnus, & dont la présence avoit suspendu la mémoire de l’exécution. On l’avoit presque oubliée, lorsqu’elle parut accablée de chaînes dans un Palanquin découvert. Le contraste de ces deux spectacles, & les gémissements de la déplorable victime de