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LE TEMPS

s’étoit retirée, mais il ne doutoit pas qu’il ne pût découvrir ce secret par le moyen de Zerbeke.

Les soins qu’il en fit prendre dans cette intention, eurent un effet admirable, & le blessé guérit malgré lui ; car n’ayant pu secourir la Reine, il ne se soucioit pas de mourir. Lorsqu’il fut tout-à-fait hors de danger, Mouba n’épargna rien pour le séduire, employant alternativement les caresses les plus pressantes, & les menaces les plus terribles ; mais voyant qu’il n’étoit pas plus ébranlé par la crainte des unes, qu’il n’étoit ébloui par le brillant des autres, & que tous ses efforts étoient vains, il ne balança plus à faire juger la Reine, & lui, selon la rigueur des Loix, qui condamnent au feu, avec tous leurs complices, les Reines convaincues d’avoir renoncé à la pudeur de leur sexe.

La nécessité de couronner ses injustices par un tel excès de rigueur, venoit du Peuple même, en s’opposant comme il faisoit à ce que le Trône fût rempli par d’autres que la Reine, tandis que cette Princesse vivroit. Une fidélité, que l’on peut nommer déplacée, dans le temps que personne n’en avoit assez pour protéger cette Princesse opprimée, contre la tyrannie d’un infâme Sujet, loin de lui