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ET LA PATIENCE.

qui étoit présente à la demande d’Almenza, n’en fut pas moins choquée que son époux ; & la crainte de perdre Balkir étant aussi forte en son cœur, l’obligea à s’opposer à la permission que Broukandork lui vouloit donner. Cela seroit beau, dit-elle avec emportement, qu’une fille laissât partir quatre freres pour rester seule dans une maison inconnue : & puisque l’approche de l’Hyver ne vous effraie point, dit-elle à Almenza, & aux deux autres, il faut apparemment que vos affaires soient pressantes : ainsi, je vous conseille de ne les pas négliger ; mais vous serez assez de trois. Laissez Balkir avec sa sœur, la bienséance en fera moins choquée que de l’abandonner seule ici comme une vagabonde ; ce jeune homme n’a pas l’air plus propre qu’elle à soutenir la fatigue d’un tel voyage, ajouta-t-elle, par réflexion.

Ces propositions étoient trop éloignées des intentions de ceux à qui on les faisoit, pour qu’elles pussent être acceptées. Merille & Balkir dirent résolument qu’elles ne vouloient point abandonner leur famille, & qu’elles ne resteroient que si les autres demeuroient. La peur de s’en séparer détermina leurs amants, qui comprirent bien que s’ils insistoient, on les