Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
ET LA PATIENCE.

bir un semblable. Supposé que cela arrivât, reprit Zerbeke, ils ne pourroient s’en prendre qu’à moi de la perte qu’ils auroient faite ; & quand cet événement, entiérement nécessaire à votre repos, me coûteroit la vie, mon sort seroit trop glorieux de la perdre pour votre service.

Ah ! cette pensée me fait frémir, s’écria-t-elle ! plutôt que de voir cesser mes infortunes par un si funeste moyen, dure à jamais mon esclavage ! j’envisage ta mort comme le plus grand des malheurs ; mais, poursuivit cette Princesse, afin de le détourner d’un dessein qui ne pouvoit que lui être fatal, si je chérissois assez la vie pour vouloir l’assurer à ce prix criminel, seroit-il en mon pouvoir de réussir, & ne te perdrois-je pas sans me sauver ? car tu ne dois pas douter que l’on ne connût que tu aurois agi par mes ordres.

Il sera fort aisé de vous justifier, repartit courageusement ce Sujet zélé ; vous n’aurez, ajouta-t-il, qu’à me condamner pour avoir répandu un sang qui devoit être sacré, si ses crimes ne l’avoient pas rendu abominable…. N’appréhendez pas que la peur du supplice, & l’horreur qui l’environne, puissent jamais me forcer d’avouer que je n’aurai agi que sous votre aveu.