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ET LA PATIENCE.

Cependant le beau-pere de Zerbeke étoit parti pour Bengal, & depuis son départ la Reine ni ce jeune homme n’avoient pas entendu parler de lui : il le passa ainsi près d’un an, qu’en espérant toujours son retour, cette fausse Princesse amusoit Mouba. Mais son amour étoit trop violent, & son ambition trop impétueuse pour ne se pas lasser enfin d’une vaine espérance. L’amour-propre lui persuadant qu’il méritoit de plaire, lui fit imaginer que la Reine empêchoit le progrès de ses soins.

Pour découvrir la vérité de ses soupçons, n’osant se fier aux femmes de cette Princesse, qui auroient pu le trahir, en redisant à leur Maîtresse la commission dont il les auroit chargées, Mouba trouva l’expédient d’y introduire une nouvelle Esclave, à qui il promit la liberté & une grosse récompense, si, se cachant dans quelques endroits secrets, elle pouvoit écouter les conversations particulieres de la mere & de la fille. Cette femme ravie de se voir employée d’une façon si avantageuse, & qui devoit la rendre libre & riche, s’appliqua à mériter l’effet des promesses du Ministre, en exécutant exactement ce qu’on exigeoit d’elle.

Elle ne fut pas long-temps sans appren-