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LE TEMPS

sance, par le don précieux de sa foi, aussi nécessaire au bien public qu’à leur bonheur particulier, elle seroit parfaitement heureuse avec un époux qui employeroit tous les moments de sa vie à lui témoigner son amour & sa reconnoissance.

Zerbeke, suivant le conseil de son beau-pere, sembla s’adoucir ; à ces témoignages du repentir & de la tendresse de Mouba, il ne lui dit pas absolument qu’il lui pardonnoit, & qu’il étoit prêt à se rendre à ses desirs, parce qu’une si prompte différence de sentiment auroit pu à son tour lui devenir suspecte de quelque tromperie ; mais se contentant de le regarder avec des yeux moins irrités, ce présomptueux ne fit point de doute que sa bonne mine n’eût vaincu le cœur de cette jeune Princesse, & qu’un peu de temps ne le mît en possession de tout ce qu’il desiroit. Il sortit aussi satisfait qu’amoureux, n’osant toutefois se fier assez à cette douceur apparente, pour faire retirer les Gardes, qu’il croyoit qui lui répondoient de la mere & de la fille ; mais en leur ordonnant de ne se pas relâcher de leur exactitude, il leur recommanda fortement d’agir d’une maniere si soumise, qu’elles pussent se persuader qu’ils ne les environnoient que pour leur propre sûreté, & pour honorer leur dignité.