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LE TEMPS

nable aux intérêts de l’Etat, & à ceux de la Reine en particulier, que ce fût plutôt lui qu’un autre ; ajoutant d’un ton hypocrite, que de tous les Sujets qui étoient sous sa puissance, il n’y en avoit aucuns plus attachés à son service que lui, & qu’il seroit encore plus, s’il étoit possible, en régnant avec Merille, cette auguste alliance devant augmenter son zele pour une Souveraine qui l’avoit ci-devant comblé de ses bontés, & qui les couronneroit en lui en donnant une preuve si précieuse.

Les Princesses feignirent d’être ébranlées par de si spécieuses raisons & de si admirables promesses : sans lui rien répondre de positif, elles lui laisserent la douceur de se flatter qu’il les vaincroit plutôt en employant ce dernier moyen que les précédents. Cette espérance lui sembla si certaine, qu’il se crut parvenu au point de pouvoir presser la Reine de consentir à son bonheur. Mais Merille prenant la parole au premier mot qu’il en prononça, lui répondit que c’étoit du temps & de ses services qu’il devoit attendre cette faveur, se plaignant de la tyrannie qu’on vouloit exercer contre elle, sans consulter son cœur. Je sais, disoit-elle, que quand une Princesse souveraine