Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LE TEMPS

mettant Merille dans un lieu sûr, où ils n’eussent plus à craindre l’accident qu’il leur faisoit envisager.

Fortifié d’un tel appui, Mouba ne tarda pas à mettre cet ordre en état d’être exécuté, envoyant sur l’heure des Gardes pour tirer Merille de l’appartement de la Reine, & pour la conduire dans un autre, avec défense de la laisser parler à qui que ce fût, sans une permission du Sacrificateur.

Celui qui étoit chargé de cette violence, les trouva ensemble ; sa présence surprit extrêmement la Reine ; il ne devoit pas entrer d’hommes chez elle sans ses ordres exprès, c’étoit un crime capital à ceux qui contrevenoient à cette Loi fondamentale ; ce qui fit qu’elle lui demanda avec toutes les marques du plus violent courroux, d’où provenoit cette audace, & s’il ignoroit les Loix du Palais ? Mais cet homme, certain de l’autorité & de la protection de celui qui l’envoyoit, ne daigna pas lui répondre, lui déclarant seulement d’un air froid & méprisant, le motif qui l’amenoit ; &, s’adressant à celui qu’il croyoit Merille : Venez, Princesse, lui dit-il, en lui présentant la main, & rendez graces aux soins que l’on prend de vous soustraire au pouvoir d’une Reine