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ET LA PATIENCE.

vantage de ce que mon âge & ma situation te dérobent aux châtiments que tu mérites, & crains que les choses ne demeurent pas dans un état assez avantageux pour toi, pour te permettre encore long-temps de nous braver avec tant d’impudence.

Au discours de celui qu’il prenoit pour Merille, la rage de Mouba ne le put exprimer ; il n’auroit pas tardé à en faire sentir les funestes effets à ses Souveraines, si l’amour qu’il venoit de prendre dans les yeux de cette prétendue Princesse, n’eût suspendu sa fureur. Lorsqu’elles furent retirées, Mouba, que son amour rendoit encore plus empressé de regner, représenta vivement au Conseil, qu’il étoit de la derniere importance de séparer la fille de sa mere, faisant comprendre à cette assemblée, que, dans la ferme résolution où elles étoient de ne pas consentir à ce que l’Etat exigeoit, la Reine pourroit éloigner la Princesse ; & l’ayant soustraite à leur pouvoir, l’envoyer dans quelque Royaume étranger, aux armes de qui on seroit exposé, & à qui il faudroit la disputer avec les risques & l’incertitude du succès. Comme cette crainte paroissoit probable, il fut, sans balancer, chargé du soin de prévenir cet événement, en