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ET LA PATIENCE.

Elle étoit dans l’impatience de se retrouver en liberté avec ses compagnons, pour rire à son aise de cette méprise : en effet, dès qu’elle se vit en état de les entretenir, elle leur fit part de sa bonne fortune ; & Merille lui rendant confidence pour confidence, lui apprit son agréable conquête. Elles étoient ravies de cet événement, se flattant qu’il leur feroit trouver le Temps agréable ; & ne mettant point en doute qu’il ne fît obstacle au mauvais Temps dont ils étoient poursuivis. Mais leurs amants ne pensoient pas de même ; celui de Merille étoit jaloux, ou plutôt redoutoit le pouvoir d’un rival, sous la domination de qui ils se trouvoient ; & Kuba maudissoit sa ridicule rivale, dont il appréhendoit les assiduités, parce qu’il ne doutoit pas qu’elle ne se contraignît, tandis qu’elle ignoreroit le sexe du sujet de sa tendresse, de craignant ensuite sa fureur, quand elle viendroit à se désabuser.

Quant à Almenza, quoiqu’il ne fût point amoureux dans ce Palais, & qu’il n’eût pas les mêmes raisons d’être allarmé, il n’en étoit pas plus content ; le lieu seul lui confirmoit la vérité des conséquences que tiroient ses compagnons : de plus, il ne pouvoit se flatter que les menaces de