Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LE TEMPS

ajouta-t-il, je m’apperçois avec surprise que mon mariage est résolu sans son consentement ni le mien…. Avec qui encore ? & en quel temps ? Est-ce pour me donner à un Roi voisin dont on redoute la puissance, qu’il faut que je renonce à la liberté du choix ? Sommes-nous accablés, ou seulement menacés par une guerre dangereuse qui nous invite d’acheter la paix, en nous soumettant à ce lâche sacrifice ? Non, ce n’est rien de cela ; nous avons un Etat florissant, respecté par ses voisins, riche, puissant, & tranquille ; le seul motif enfin auquel on puisse imputer un mouvement aussi irrégulier, a pour tout fondement, l’ambition d’un perfide Sujet, de qui l’ingratitude, poussée à l’extrémité à l’égard de sa bienfaictrice, tourne contre elle les armes & le pouvoir qu’il ne tient que de sa bonté.

Que pensez-vous, rebelles, continua Zerbeke, en élevant la voix, & redoublant son air d’autorité ; que pensez-vous, dis-je, que doive faire votre Princesse en une semblable occurrence ? Puisque vous avez exigé ma présence à ce Conseil odieux, ce n’est apparemment que pour apprendre mes sentiments ; vous ne serez point déçus dans l’espoir de me les voir expliquer, les voici : Je vous déclare donc,