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LE TEMPS

cœur des plus mutins, à l’aspect des Princes du sang de leur Maître. Mouba lui-même ne fut point exempt de ce premier mouvement de vénération ; restant immobile, il entendit, sans avoir la force de s’y opposer, que cette fausse Princesse ordonnoit impérieusement aux Guerriers de se retirer, & il vit ces derniers obéir avec une soumission parfaite.

La Reine & sa fille supposée se retirerent fort satisfaites de l’effet de cette industrie, la première ne pouvant assez remercier l’autre d’un service si important ; mais ce qui étoit fait, ne suffisoit pas. Quoique la feinte Merille eût su, par sa beauté & par les reproches qu’elle avoit faits à ses Sujets avec autant de graces que de majesté, arrêter ce premier coup de sédition, il falloit encore en soutenir le personnage. La Reine & Zerbeke ne doutoient point que Mouba, revenu de sa premiere surprise, ne fît de nouveaux efforts pour obtenir la main de la Princesse ; il étoit donc nécessaire de se préparer au refus qu’elles seroient obligées de faire, & aux moyens d’éviter ce qui pourroit découvrir leur secret.

Elles n’eurent pas long-temps à délibérer ; car deux jours après cette aventure, le Conseil eut l’insolence de s’assem-