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LE TEMPS

mée. Cependant voulant payer de résolution, elle répondit séchement à cette députation, que ce que des séditieux prétendoient exiger d’elle, étoit positivement contre les Loix d’Angole, qui ne permettoient point aux filles du Roi de se montrer à la vue des hommes avant qu’elles fussent mariées ou sur le Trône.

Ces insolents Députés ne se rendant pas à cette réponse, lui répliquerent que les Loix ayant été faites par l’Etat, l’Etat en pouvoit dispenser & les changer à son gré ; qu’enfin, ce qu’ils lui demandoient étant au nom du Peuple, il seroit dangereux pour elle de lui désobéir.

Cette replique l’ayant piqué vivement : Voyons donc, s’écria-t-elle fiérement, si je ne pourrai contenir sans danger ces séditieux dans les bornes de leur devoir, & si c’est eux ou moi qui devons l’obéissance.

A ces mots, ayant fait ouvrir les jalousies, dont un balcon, qui donnoit sur la grande Place, étoit garni, elle y parut, en se flattant que sa présence appaiseroit les mutins ; mais elle fut déçue dans cette espérance, ils ne voulurent rien entendre ; & la populace, qui ne se gouverne jamais sur les principes de la raison, étant animée par les Conjurés, s’écria que si