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LE TEMPS

dans ces mouvements fatigants, & depuis l’éloignement de Merille, son absence étoit encore ensevelie dans un profond secret. Les Esclaves qui avoient été chargées du soin de la suivre, connoissant la punition que méritoit leur imprudence, n’avoient point attendu que cette perte éclatât, pour éviter, par la fuite, le supplice qu’une négligence si criminelle leur devoit attirer.

Mais la Gouvernante, qui n’ignoroit pas l’intérêt que Mouba avoit de se trouver maître de toute la Famille Royale, craignant qu’il ne la soupçonnât d’avoir aidé à la Reine à la mettre en quelque lieu sûr & inconnu, ne doutant pas d’ailleurs que ce ne fût par les ordres de cette Princesse que sa fille étoit disparue, n’osa s’enfuir, ni s’exposer au courroux de ce Ministre, en lui déclarant cette fuite. Elle se flatta que moins on en feroit de bruit, & plutôt la Reine feroit reparoître la Princesse, prenant pour une politique affectée la douleur qu’elle témoignoit de sa perte, & l’ignorance où elle paroissoit être de son sort. Cette femme dissimulant, comme elle croyoit que sa maîtresse dissimuloit, résolut intérieurement de se taire jusqu’au retour de Merille, & de ne pas perdre de temps lorsqu’elle reparoî-