Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 2.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
LE TEMPS

Ce Confident zélé, aussi touché de l’affliction de cette Princeese qu’elle l’étoit elle-même, faisoit son possible pour lui donner de la consolation ; mais loin d’y réussir, les soins qu’il prenoit ne servoient qu’à rendre les douleurs de la Reine plus vives : Hélas ! mon cher Zerbeke, disoit cette Princesse affligée, je sens augmenter mes maux, en considérant la funeste récompense que ton zele attend de moi. Ma perte est assurée ; mais, ajouta-t-elle, avec un redoublement de sanglots, elle entraînera la tienne & celle de ton beau-pere : vous n’aurez pas été vertueux impunément ; & le perfide Mouba n’ayant pu vous séduire, vous fera périr indubitablement.

Non, grande Reine, reprit ce courageux jeune homme, n’appréhendez pas que vos Sujets portent sur vous des mains criminelles, votre vie est en sûreté ; & la mienne, ajouta-t-il, en se jettant à ses pieds, est d’une si petite importance, que vous n’y devez faire aucune attention ; trop heureux si sa perte pouvoit calmer leur fureur, & si mon sang répandu étoit suffisant pour les remettre dans leur devoir.

Pendant cette conversation, la Reine étoit seule avec Zerbeke, & ne pouvoit