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ET LA PATIENCE.

L’esprit inventif de ce scélérat lui suggéra de se venger du refus que cette Princesse avoit fait de sa main, en se faisant Roi indépendamment d’elle. Comme son adresse égaloit sa méchanceté, il sut si bien manier les esprits, que, peu de temps après, le Conseil, où elle avoit si fiérement refusé de l’épouser, lui fit proposer, par le premier Visir, & au nom de l’Etat, un autre arrangement. Ce Ministre de Mouba lui fit un discours étudié, dont le venin étoit couvert d’une apparence respectueuse, & d’un compliment sur la noble résolution qu’elle avoit témoignée de vouloir garder une viduité, où bien des raisons auroient dû la faire renoncer, lui demandant pardon, de la part de ses Sujets, d’avoir osé le lui proposer.

Après ce préambule, venant au fait, il lui dit, sans nul détour, que l’Etat ne prétendoit pas la gêner sur un dessein qu’il approuvoit trop pour la contredire ; mais que le Royaume d’Angole ayant absolument besoin d’un Maître, qui, réunissant toutes les factions, le fît jouir d’une tranquillité qui n’étoit plus connue depuis la mort du Roi, on la prioit de donner la jeune Merille pour épouse à Mouba, ajoutant insolemment que c’étoit le seul