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ET LA PATIENCE.

les Officiers qui la servoient, ne devoient point espérer d’obtenir le moindre payement de leurs appointements, qu’en rapportant quelques-unes de ses actions, ou quelque chose qu’elle eût dites ; mais ceux qui ne se pouvoient résoudre à la trahir, n’avoient que faire de se flatter de recevoir ce qui leur étoit légitimement dû.

Ce fut cette raison qui força un des plus considérables de sa Maison à se marier. Il étoit fort peu à son aise, & trop honnête homme pour acquérir, de cette sorte, de quoi se soustraire à la nécessité ; ainsi il épousa une Villageoise, qui étoit puissamment riche : la fortune la dédommageoit ainsi de son peu de naissance, & il lui donna la main avec d’autant plus de plaisir que la pureté des mœurs de cette personne s’accordant aux siennes, ne lui permirent pas de balancer sur cette alliance, puisque le secours de sa femme le mettoit en état de se passer d’acheter son propre bien au prix d’une perfidie telle que les autres lui en donnoient l’exemple, trouvant que l’infamie étoit moindre à se mésallier qu’à trahir son devoir & la Reine sa maîtresse.

Il n’eut pas sujet de se repentir de cette action, puisqu’au défaut de la politesse & des façons aisées que fournissent l’éduca-