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ET LA PATIENCE.

pouvoir, il les obligea de représenter à la Reine que l’Etat, troublé depuis la mort du Roi, sentoit avec douleur qu’il ne se pouvoit passer de maître, une femme seule étant, disoient-ils, trop foible pour soutenir le poids d’une Couronne telle que la sienne ; & ils la supplioient de choisir, sans différer, un époux capable de la délivrer de tous les embarras dont elle étoit accablée, ajoutant que cet époux ne pouvoit être que Mouba, parce qu’il réunissoit en lui toutes les qualités convenables à ce haut rang, & qu’il étoit au goût général de la Nation.

La Reine indignée de cette remontrance séditieuse, dont il ne lui fut pas difficile de reconnoître l’Auteur, répondit fiérement qu’elle ne recevoit des loix de personne ; que le Trône lui appartenoit légitimement, puisqu’elle le tenoit de la bonté du feu Roi, qui lui en avoit fait présent ; qu’en reconnoissance de ce qu’elle devoit à ce Monarque, elle s’étoit fait une loi inviolable d’être fidelle à sa mémoire, & de ne jamais donner à un autre le nom sacré de son époux, ne voulant laisser partager à qui que ce fût une couronne qu’elle tenoit de lui, & qu’elle remettroit à sa fille seulement, lorsqu’elle la croiroit assez forte pour la porter.