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LE TEMPS

l’ont point été par un autre mobile que par son conseil pernicieux.

Alors cette femme entrant dans le détail de ce qui s’étoit passé depuis le mariage de la Reine avec le Roi, jusqu’à la sortie de Merille hors du Palais, elle continua ainsi : Je puis, mes chers Seigneurs & mes belles Dames, vous apprendre bien positivement les particularités de ces funestes événements, puisque j’avois l’avantage d’appartenir à cette malheureuse Reine. Il étoit nuit, poursuivit-elle, & il y avoit long-temps que le jour ne paroissoit plus, lorsque l’on s’apperçut de l’absence de la jeune Merille ; mais enfin l’heure de se coucher étant arrivée, on trouva étonnant que cette Princesse ne fût point rentrée ; elle n’avoit pas coutume d’abuser de sa liberté, jusqu’à découcher, & on se préparoit à lui en faire le lendemain de vives remontrances, parce qu’on espéroit qu’elle seroit assez tôt de retour pour les entendre. Par cet espoir, on ne jugea point à propos d’en parler à la Reine ; & elle ne causa pas plus d’inquiétude le second jour que le premier, ne doutant point qu’elle ne reparût d’un moment à l’autre : mais cette nuit étant encore passée sans avoir entendu parler d’elle, on commença à s’en allarmer, & la