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LE TEMPS

gnoit guères d’elle, l’ayant entendue, accourut avec l’empressement d’un amant : leurs compagnons qui l’entendirent aussi, se hâterent de venir à son secours, & la soulagerent, de sorte qu’elle reprit ses esprits ; mais ce fut inutilement que la connoissance lui revint, car elle n’en fut pas plus en état d’expliquer le sujet de cet accident imprévu ; les sanglots qui la suffoquoient, lui ôtant l’usage de la parole, ne lui permettoient pas de s’énoncer.

Ne pouvant savoir d’elle quelle étoit la raison de cette douleur subite, ils le demanderent à la personne à qui ils avoient remarqué qu’elle parloit ; mais cette femme qui l’ignoroit pareillement, leur dit qu’elle en étoit aussi surprise qu’eux-mêmes ; que cette belle Dame lui avoit demandé des nouvelles du Pays par une curiosité naturelle aux Voyageurs, & qu’aussi-tôt elle étoit tombée en syncopes, lorsqu’elle lui avoit répondu que la Reine d’Angole devoit être brûlée le lendemain.

Cet éclaircissement fut suffisant pour apprendre aux compagnons de Merille quel avoit été le sujet de sa pamoison. Ils furent consternés de cette nouvelle ; les raisons de se plaindre de cette Reine infortunée qu’avoient les freres de la Prin-